Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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mercredi 13 mai 2009

Réveil tonitruant

Hier soir, suite à une nuit blanche, je me suis couchée tôt - à vingt heures, je dormais. Mais quelques heures plus tard, je fus réveillée par des coups sourds et tonnants... j'essayai d'abord de les intégrer à mon rêve en espérant qu'ils stoppent, mais ils étaient vraiment sonores, et irréguliers quoique fréquents. Je me résignai donc à ouvrir les yeux pour identifier ce qui perturbait ainsi mon sommeil.

Encore brumeuse, je guettai le prochain coup pour savoir s'il venait des voisins. *Braoum !* : non, pas les voisins. Cela semblait venir de l'extérieur - ça ressemblait vraiment au tonnerre, mais je voyais bien par la fenêtre que la nuit n'était pas pluvieuse. Les bruits sourds commençaient à me sembler bien mystérieux, lorsque *Braoum !* : cette fois, j'avais vu l'éclair avant d'entendre son boucan.

Ah, un orage sec. J'hésitai à aller fermer la fenêtre - mais maintenant que le bruit était identifié, il ne m'inquiétait plus, et j'adore l'orage. J'aime l'air électrique, il me rend fourmillante de puissance. Je fus tentée de remonter les couvertures pour somnoler de nouveau, mais je savais que les orages secs ne tardent jamais à être mouillés, et toutes les fenêtres de la maison étaient ouvertes en cette chaude nuit de presque-été.

Alors je sortis du lit, nue, et fis le tour des pièces pour tout fermer, sans allumer la lumière. Et je revins dans ma chambre, tremblante, pour me glisser entre les draps qui avaient gardé ma chaleur. Cette seule fenêtre, je la laissai ouverte : les éléments m'avaient réveillée, m'offrant un moment particulier - alors je leur rendis hommage. J'accueillis chaque éclair qui illuminait la pièce, et me laissai bousculer par chaque coup de tonnerre. Et, lorsqu'elle se décida, la pluie fut violente et libératrice. J'entendais les grosses gouttes frapper le toit, la gouttière, la rue, et fouetter mon âme pour la réveiller.

Je me laissai couler de nouveau vers le sommeil, bercée par les éléments en colère. Je pouvais finir ma nuit... c'est de l'apathie qu'ils sont venus m'extirper.

samedi 7 mars 2009

Cordillère du bonheur

Ces temps-ci, il y a des hauts, et encore des hauts. J'ai parfois un peu le vertige, mais j'exulte la plupart du temps de toute cette joie en moi et autour de moi.

Il y a eu ces deux mois à Paris, où l'amour m'est tombé dessus. Moi, je ne suis pas tombée amoureuse : je me suis plutôt envolée. Ça faisait longtemps, que je n'avais plus marché sans toucher le sol. Je suis encore surprise de me sentir palpiter de nouveau pour un presque-inconnu. Il me dit n'avoir jamais aimé comme ça, et je suis toute émue, impressionnée, de recevoir cet amour tout frais, tumultueux et limpide comme un torrent au dégel. Aimer comme une évidence, accueillir la mise en danger avec toute confiance dans mes capacités à encaisser. Me sentir immergée, et désaltérée, et vivifiée par cet amour.

Le retrouver pour fêter nos anniversaires en ermites, compenser le manque de quelques semaines en faisant du sexe intensivement pendant ces quatre jours au point d'oublier nos autres projets, et discuter presque sérieusement pendant qu'on reprend notre souffle :

- Je t'aime.
- J'en ai, de la chance !
- Mmmmmm. (traduction : "moi aussi", en langue de Solveig-épuisée-par-les-orgasmes)
- Faudra que tu me dises comment éviter que ça s'arrête, hein.

Et puis retrouver mon désir, ma curiosité pour des gens, que je connais un peu, que je croise dans la rue, ou dont je lis les mots. Me sentir forte et désirante de nouveau, intensément désirante comme lors de ma folle jeunesse et plus posée pourtant, moins prompte à mettre les gens dans mon lit - je ne tiens pas à m'éparpiller et me disloquer de nouveau, et je tiens à garder présentes en moi les leçons durement apprises. Jouir de retrouver ce désir et d'être capable de le canaliser d'une façon qui me satisfasse.

Cet amant m'envoie un mail pour me dire qu'il rêve toujours de moi, alors que nous n'avons pas été dans le même pays depuis bientôt quatre ans. Cet autre dont je vais aller voir la soutenance (depuis le temps que je le taquine en lui demandant comment sa thèse avance !), avec qui nous évoquons notre désir réciproque intense tout en nous disant que cela ne mérite pas de remettre en cause la relation satisfaisante dans laquelle il est maintenant. Cet autre, perdu de vue depuis plus de deux ans et que j'ai recontacté parce qu'il exprimait une solitude sur son blog, chez qui j'ai logé pendant des semaines reconduites, savourant sa douceur et sa tendresse, et qui souriait d'apprendre que j'accueillais un autre amoureux chez lui pendant les week-ends où il était absent. Cet ami-amoureux-camarade qui réagit à mon câlin en m'embrassant fougueusement sur la bouche alors que nous avions renoncé à faire du sexe ensemble il y a des mois, que j'interromps pour lui signaler qu'il éveille mon désir et qui, pas surpris, recommence, jusqu'à ce que nous atterrissions dans son lit. Ce garçon qui me prend dans ses bras pour me souhaiter bonne nuit et me rend tremblante de désir, qui me propose de dormir ensemble en toute amitié et est surpris d'apprendre qu'il m'attire - avec qui nous rions au petit déjeuner, " - Hier soir j'ai eu quelques minutes où je me demandais pourquoi on était pas en train de faire follement du sexe, mais en fait après j'ai bien dormi. - Pareil. " Et cet ex-amoureux devenu presque étranger, qui surgit dans un songe bouleversant, à qui j'en envoie le récit et qui me propose qu'on se revoie - peut-être aurons-nous de nouveau des choses à discuter ensemble, comme je l'ai rêvé ?

Et ces derniers jours, recevoir les confidences tremblantes d'un amoureux qui tombe amoureux d'une autre. Ou plutôt, qui se sent chanceler, et je pousse de côté son sérieux et sa timidité, pour lui permettre de chuter. Il a été le mât qui tenait ma voile lorsque j'en ai eu besoin, j'aime être la pierre qui le fait trébucher.

<Leto> J'ai pas que ça à foutre, de tomber grave amoureux
[une heure de discussion où je lui explique que ses raisons pour ne pas tomber amoureux sont relatives...]
<Solveig> forcément, dans ta configuration actuelle, elle n'a pas de place
<Solveig> tomber amoureux, c'est se reconfigurer
<Leto> bordel, des fois tu dis des trucs tout simples et je me sens très bête
<Leto> merci
(la métaphore de geek, y'a que ça de vrai ^^)

Je ressens un petit pincement au coeur lorsqu'il me dit que ça ne lui est pas arrivé depuis presque dix ans (" - Heu, t'es pas tombé amoureux de moi ? - Pas comme ça. "), mais je l'aime aussi pour sa franchise, et son amour pour moi est incontestable, alors la douleur s'enfuit vite et je peux de nouveau me réjouir pour lui, avec lui. Et rire de joie de le voir désemparé, chamboulé, tremblant comme il l'est rarement.


Je suis heureuse, intensément. Je vais vous confier un secret, un sésame qui ne marchait plus depuis des années mais a soudain retrouvé tous ses pouvoirs magiques : la vie est belle.

dimanche 8 février 2009

Mon amante exigente

Vous savez ce que je pense de la jalousie ; eh bien, j'ai malgré tout une amante très jalouse, et il est bien compliqué d'entretenir d'autres relations : elle s'incruste dans tous les moments d'intimité que je veux partager avec d'autres ; elle monopolise l'attention, me retourne la tête avec ses questions et problèmes insolubles - impossible, alors, d'accorder assez d'attention à ceux que j'aime.

Elle ne peut passer très longtemps sans avoir de mes nouvelles, ou sans me donner des siennes. Si je sors sans elle, elle passe faire un tour, juste le temps de casser l'ambiance. Si je me lance dans une activité physique, elle me harcele tout au long d'interminables nuits blanches, et me laisse vidée et tremblante, incapable du moindre effort. Si je veux écrire un texte, ou lire de la théorie, elle vient me déconcentrer par toutes les petites agaceries possibles - elle me connait si bien ! - jusqu'à me faire poser ma plume ou mon livre. Même pour le quotidien, elle se met dans mes jambes lorsque je tente un élan de ménage, m'attrappe par le cou si je veux mettre mon manteau pour aller faire les courses - et me fait des scènes interminables ensuite, où elle me reproche mon laisser-aller.

Mais surtout, elle ne supporte pas que je rie. Lorsque son attention est détournée assez longtemps pour que je m'amuse, elle revient à pas feutrés, et me frappe violemment, de toutes ses forces, coupant mon souffle - pour que j'aie envie de pleurer.

La dépression est une dure maîtresse. Et malheureusement pour moi, je ne sais comment rompre avec elle. En ce moment, nous sommes séparées - mais je sais qu'elle reviendra à moi, ou que je lui retournerai. Je sais que les retrouvailles seront intenses, et que ce sera pourtant comme si nous ne nous étions jamais quittées. Elle me prendra dans ses bras, et j'essayerai de l'étrangler - une fois encore - mais je ne suis pas plus forte qu'elle, et je m'épuiserai dans ce vain combat. Alors je ferai des compromis, qui deviendront compromissions, jusqu'à me perdre, ne plus me reconnaître ; je lui ferai des reproches, qu'elle me retournera. Nous alternerons périodes de drames et morne cohabitation, avec des pics de franche hostilité. Mais je la laisserai me rejoindre dans le lit le soir, et elle viendra même m'arracher hors des bras de mes amantEs lorsque l'envie lui prendra.

Je profite de cette période de séparation, autant que je peux. Je savoure chaque bouffée d'air sans son parfum, chaque gorgée de thé où elle n'a pas eu l'occasion de verser son poison, chaque étreinte où elle ne s'immisce pas. Même les moments anodins - surtout les moments anodins ! - qu'ils sont bons, lorsqu'elle n'est pas agrippée à mon dos ! Je peux laisser couler les petites contrariétés, et me réjouir qu'elle ne puisse pas me les ressasser.

Mais étonnamment, ce n'est pas en me battant contre elle que je m'en suis débarrassée. J'ai lutté pied à pied, dans cette guerre de tranchées où elle gagnait du terrain alors que je tentais de me préserver. J'ai résisté autant que je pouvais, mais je ne pouvais jamais lui reprendre ce qu'elle avait gagné. Et c'est lorsque je lui ai offert le reste, lorsqu'elle m'a tout pris, qu'elle m'a rendu ma liberté.

Je tentais de garder les choses importantes pour moi : les qualités que j'essaye d'avoir, un mode de vie qui me convienne, des relations où l'on s'apporte beaucoup. Elle a miné tout cela, en a retiré le sens, et ma vie n'était plus qu'une coquille vide, une caricature sans substance. Il a fallu que je lui concède que certes, rien n'a de sens, et ça pas plus que le reste ; que j'enlève les derniers lambeaux de mon orgueil, de mes principes, de mes ambitions folles.

Et alors, elle s'est évanouie, et j'étais seule dans ce champs de bataille. Tout gisait à terre, dans la boue et le sang. Il m'a fallu du temps pour ramasser et nettoyer, mais ces choses que je retrouvais, elles étaient neuves. Ce n'étaient pas les objets auxquels j'étais habituée ; ou plutôt c'était eux, moins l'habitude. Mes amours, mes idées, mes joies, mes rêves - riches d'années de vie, mais fabuleux comme au premier jour.

La déprime fait de moi une petite chose geignarde et odieuse, mesquine, feignante, rancunière, pleurnichante et stupide, et je me déteste dans ces moments-là. Si je pouvais me séparer de ma déprime récurrente, je le ferais sans aucun doute. Je le ferais car je n'aime pas souffrir, je n'aime pas me sentir faible, je n'aime pas avoir honte, et aussi parce que j'ai toujours peur qu'elle finisse par me casser, avec ses méthodes barbares. Mais je ne peux pas la faire partir définitivement, et c'est sans doute mieux ainsi : la déprime, c'est ce qui me fait grandir. C'est ce qui me remet en cause, ce qui m'oblige à être humble et bienveillante. C'est grâce à elle que j'ai autant d'amour à donner, et c'est elle aussi qui me donne l'énergie de lutter : puisque je lui survis, à elle, je vois mal ce qui pourrait me faire peur.

jeudi 22 janvier 2009

Une main sur le coeur

Il est fasciné par mes seins. Il n'est pas le premier, et sans doute pas le dernier, mais... j'ai l'impression inédite d'avoir mis des aimants dans mon soutien-gorge, sauf que je n'en porte pas (ni aimants, ni soutien-gorge). Et p't'être c'est ça qui l'intrigue autant, pis aussi faut dire, ces derniers temps il faisait uniquement du sexe avec des garçons, qui n'avaient pas de seins.

Mes seins le fascinent, et moi je savoure sa fascination, qui lui fait ramener ses mains sur mon torse pour une seconde ou une heure, en palper la forme générale à travers mon pull ou glisser les deux mains sous mon T-shirt pour venir titiller mes tétons. Lorsque sa main s'arrondit pour accueillir un sein avant de dormir ; lorsqu'il me savonne méticuleusement sous la douche ; lorsque j'ai froid, qu'il vient apaiser mes frissons en me serrant dans ses bras, et qu'il finit par me réchauffer en me donnant d'autres frissons ; lorsqu'il m'effleure en passant, signalant son attirance, stimulant mon désir, sans que ça soit forcément on-fait-du-sexe-et-on-jouit. Juste porter ce désir au long des heures et des jours, le satisfaire parfois bien sûr, mais jamais l'épuiser puisqu'il jaillit inépuisablement. Comme un tison brûlant dans le bas-ventre, un roman érotique qu'un invisible souffleur me lirait dans la tête. J'ai constamment envie de lui, et c'est bon.

J'aime la façon dont il caresse mes seins - il ne caresse pas que ça hein, mais j'aime particulièrement ses caresses là. Il sait frôler, mais aussi palper fermement et délicatement - jamais de ces pétrissages douloureux que certains prennent pour de l'intensité, qui n'est que brutalité. Des fois, la maladresse est stimulante aussi - mais là, je m'émerveille de l'exactitude de ses gestes, je me réjouis de la complicité qu'il noue avec mon corps.

Avant de se retrouver nuEs dans un lit pour la première fois, nous avons passé une longue soirée à discuter devant un feu de cheminée incertain, blottis l'un contre l'autre pour la chaleur et la tendresse, emplis de désir bien sûr mais pas presséEs de le réaliser. Lorsque je parlais, sa main tendre s'aventurait parfois en caresses plus précises sur la pointe de mes seins, et me laissait haletante de désir, coupée au milieu d'une phrase ; il m'écoutait pourtant, et s'excusait de m'avoir interrompue, et je l'embrassais pour le disputer de s'excuser. Il répétait mes derniers mots pour me rendre le fil de ma pensée, je lui posais un dernier bisou léger, continuité du dialogue de nos corps, avant de reprendre la phrase.

Nous partageons un désir intense, qui n'est pourtant pas tant du désir sexuel que de la tendresse. Vous aviez raison les filles, "c'est un gentil". Pis un tout tendre, aussi.

dimanche 18 janvier 2009

Vent

Je suis nue, il ne porte plus que son caleçon. Il embrasse mes tétons, mon cou... Je le regarde et devine sa fossette.

- " T'as ton sourire coquin, tu t'apprêtes à dire quoi ?

- Mmmm. Va éteindre ton ordi, il souffle."

Crise de fou rire. Merci Gorgone.

lundi 12 janvier 2009

Touriste comblée

Lors du voyage de retour en métro, les gens regardaient bizarrement mon pantalon mouillé, mes bottes boueuses, et mon sac qui avait pris la peinture - et moi, je me sentais comme au retour d'une nuit torride avec unE amantE : un peu épuisée, comblée, encore tremblante et émue - et pas mal désorientée.

Je suis encore tombée amoureuse. Mais ça faisait bien longtemps que je n'étais pas tombée amoureuse de cette façon : je ne me découvre pas de nouvelle passion si souvent.

Je grogne même avec une certaine tendresse contre les courbatures léguées par le passage Banga. Et puisque les étirements sont inefficaces, je pense qu'il va me falloir réutiliser ces muscles pour qu'ils cessent de se rendre pénibles.

Je veux redescendre.

mardi 6 janvier 2009

Nuage à la Terre

Bonjour les gens,

J'espère que vous allez bien. Pour ma part, j'ai retrouvé le goût du sourire, du rire, de l'aventure, et de l'amour. Et j'ai même un projet de roman, alors que j'en avais toujours repoussé l'idée : la vie repart.

Je suis heureuse d'être sortie de ma dépression. Heureuse de ne pas avoir pris d'antidépresseurs, heureuse de ne pas avoir sauté de ce pont. Heureuse que tout soit encore là, brillant et surprenant, lorsque je sors enfin de la caverne. Heureuse de retrouver touTEs ces amiEs et amants perdus de vue, et d'en rencontrer de nouveaux.

J'ai envie de faire plein de choses, et je peux même hausser les épaules et faire des choses sans envie. Je me sens revivre. Et ça tombe bien, parce que les gens ont l'air d'aller mal en ce début d'année, et je peux enfin apporter un peu de cette attention que j'ai reçue.

Donc voilà : si vous lisiez encore ce blog pour avoir de mes nouvelles, je vais bien et je répondrai de nouveau aux mails. Si vous vouliez des jolis textes, heu... je promets rien, mais on dirait que mes doigts me démangent à nouveau.

lundi 5 janvier 2009

Pourquoi

<olive> pourquoi je suis pas dans tes bras, là ?
<Solveig> heu
<Solveig> parce qu'on a pas de maison sur Paris :(
<olive> :(
<olive> pourquoi j'ai un colocataire, moi ?
<Solveig> ...
<Solveig> parce que les loyers sont chers sur Paris
<Solveig> Si tu n'es pas dans mes bras, c'est la faute au capitalisme.
<olive> huhu, oui
<olive> j'ai une envie folle de te quoter

samedi 3 janvier 2009

Insectes insolites

J'ai des papillons dans le ventre
Leurs ailes, légères et duveteuses, me caressent les tripes et les reins,
agitent des soupirs d'idées - déjà repliées.

J'ai des papillons dans le ventre
Battements incessants, loopings imprévisibles...
est-ce le bonheur qui donne la nausée ?

J'ai des papillons dans le ventre
Mais depuis quand les papillons ont-ils des griffes, des serres ?!
Ils se battent, s'accouplent - inconscients de me déchirer.

J'ai des papillons dans le ventre
C'est fabuleux ou atroce, je ne sais pas ;
Mais ton souffle sur ma peau, je crois, les fera s'envoler.

lundi 26 mai 2008

Cartes géographiques

Lorsque nous étions enfants, nous dessinions des cartes. Elles n'étaient pas copiées d'après un atlas, au contraire : nous inventions des lieux qui auraient dû exister ou dont nous aimions l'inexistance. Nous composions ces cartes avec le plus grand soin, y plaçant bien sûr un trésor marqué d'une croix rouge, mais surtout, nous répartissions déserts, falaises et jungles, sans oublier les fleuves et rivières sinuant depuis les montagnes jusqu'aux deltas.

Nos crayons de couleurs déployaient leurs teintes parfois imprévues, et nous prenions garde à ce que le turquoise de la mer ne dépasse pas la côte. Ma soeur agrémentait ses cartes avec les animaux fantastiques marquant l'inexploré, parfois des indications dans un langage secret ; mon frère les peuplait de navires pirates et de dragons, sans considération pour le mélange des mythologies. Les miennes étaient plutôt des endroits idylliques avec fleurs et plages de sable fin.

Lorsqu'elles étaient finies, nous allumions une bougie et réclamions la présence d'un parent pour brûler le bord du papier, ce qui donnait un air de carte antique mystérieusement perdue et retrouvée, très à notre goût. Parfois nous ne maîtrisions pas le feu, et c'était une crise de larmes lorsque notre oeuvre disparaissait dans les flammes - mais nous recommencions, en améliorant le modèle bien sûr. Lorsque la bordure était carbonisée à notre gré, nous froissions en boule, plusieurs fois, pour obtenir un effet de parchemin. Nous poussions parfois le perfectionnisme jusqu'à les traîner dans la terre du jardin, afin qu'elles soient tâchées comme tout objet ayant vécu doit l'être. Puis nous les roulions et scellions à la cire, en apposant notre doigt en guise de sceau - l'empreinte digitale unique pour chaque personne nous fascinait.

Étonnament, je ne me rappelle pas d'avoir cherché les trésors cachés dans nos cartes. Je crois que l'aventure était de créer ces mondes, les explorer eût été un sacrilège. Le merveilleux doit rester secret.

dimanche 4 mai 2008

Des abysses aux cieux

Depuis des mois (ou plus ?), je vais mal. Avec des périodes de redoux, des pics cataclysmiques et d'infinies étendues mornes, mais dans l'ensemble, je vais mal.

Pendant des années, je gérais mon mal-être en n'en parlant pas et en faisant "comme si", avec des moments où mes masques de sourire tombaient en morceaux et où j'étais très mal jusqu'à les remettre. Puis j'ai appris à formuler, à assumer un peu mon mal-être. Mais finalement, ça ne m'aide pas beaucoup à le surmonter, ça aurait plutôt tendance à m'y maintenir à force de cacher le reste, le beau et le joyeux.

Durant cette noyade dans la déprime, chaque attention, chaque mot gentil ou positif m'a fait l'effet d'une bouée pour quelques vagues. Souvent, je ne me sentais pas l'énergie de trouver les mots exacts pour dire le bien que ça me faisait, alors souvent je répondais d'un bref "merci" entouré de quelques mots. Parfois, j'ai osé dire "je vais mal, mais ce geste me fait du bien". Sauf qu'en fait, faut pas le dire : parce qu'après, les gestes suivants, je me demande s'ils sont sincères ou motivés par la compassion. Or c'est pas du tout pareil : qu'on me dise "j'aime ça chez toi", ça m'aide à voir ce que j'ai à offrir en partage, ça m'aide à m'accepter. Si j'entends derrière ces mots un "tu me fais pitié", et ils m'alourdissent de ce poids mort. Les interactions du type "aider une amie qui va mal", ben elles sont souvent déprimantes en soi, elles me permettent peut-être d'ouvrir les vannes dans un environnement de confiance où je sais que je vais être dorlotée, mais nulle dynamique ne me remet dans la vie de cette manière. Les enthousiasmes, les joies ne naissent pas dans des environnements tranquilles.

J'ai l'impression d'avoir fait de ma vie un cimetière, où je contiens mes sentiments pour éviter de pleurer, où je renonce à courir, hurler, vivre... et ceux que j'aime / qui m'aiment y sont enterrés avec moi, leurs efforts pour m'aider sont vains puisque je leur suis absente. P't'être j'vais essayer d'aller bien, même s'il faut faire semblant. À jouer un rôle, on finit par l'incarner vraiment, et puis "jouer un rôle", c'est déjà "jouer", c'est un bon début. Pour être de nouveau animée de joie, de rires, d'émerveillement, il faut que je les laisse entrer dans ma vie. Il faut que j'accepte de me faire bousculer, de me mettre en danger, d'accorder ma confiance sans savoir, de tenter sans certitude de réussite. Lâcher le contrôle.

Je ne me sens pas fiable, inconstante - et alors ? Si je me lance dans des projets dont la plupart avorteront, faute de temps ou de suivi, tant pis. Ou plutôt non : ce serait nul, effectivement, si je faisais peser cela sur d'autres, s'ils devaient ramasser mes pots cassés ; mais si je me lance des défis à moi-même, hé bien... seul mon orgueil peut souffrir qu'ils n'aboutissent pas. Et mon orgueil est p't'être la chose la plus grande en moi, ex aequo avec la tristesse, alors j'aurais qu'à lui raboter un peu la gueule, je voyagerai plus légère.

samedi 17 novembre 2007

Avis de recherche

WANTED : appartement centre Nantes, 2 chambres + salon, loyer < 550 euros.

Si vous avez ça sous la main / entendez parler d'un truc bien, faites-moi signe, vous pouvez m'éviter de pénibles recherches !

dimanche 4 novembre 2007

Liste de lecture

Comme vous pourrez vite le constater, je lis principalement de la science-fiction, mais aussi à l'occasion de la poésie, du théâtre, de la philo et même du roman classique. Comme j'en avais marre de conseiller les mêmes livres à tout le monde, j'ai fini par faire une liste - très subjective - des livres à lire absolument. Les plus importants sont au début, mais les derniers de la liste restent sans doute plus intéressants que si vous preniez un livre au hasard dans une librairie de gare - vu tout ce que je lis, cette sélection est très exigente !

Bibles :

  • Franck Herbert, Dune (la série que j'emmènerais sur une île déserte)(SF galactico-philosophique)
  • Asimov, Les Robots ; Fondation (SF carrée, commencez pas par ça si vous lisez pas de SF)
  • Deleuze, Nietzsche (Deleuze rend Nietzsche compréhensible, et il zappe le sexisme en bonus)
  • Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra ; autres (sauf Ecce Homo)
  • Michel Foucault, Surveiller et punir ; Histoire de la folie ; autres (j'suis amoureuse de sa pensée, m'enfin il est mort pis il était PD - heureusement il reste ses livres)
  • Georges Orwell, 1984 (et me dites pas "heureusement que c'est pas comme ça" !)
  • Aldous Huxley, Le meilleur des mondes (idem - sauf que ça décrit le contrôle mou plutôt que dur)
  • Roger Zelazny, Les neuf princes d'Ambre (et toute la série)(rare est la Fantasy qui me plait)(tentez de chopper l'édition dont Florence Magnin a fait les couvertures, elle dessine trop bien)
  • Douglas Adams, Le guide du routard galactique (SF délirante et hilarante - lire les noms à haute voix)
  • Ursula Le Guin, Les Dépossédés (description d'une société anarchiste pas utopique mais dans laquelle je veux bien vivre quand même) ; Quatre chemins du pardon ; autres.
  • Donald Kingsbury, Parade nuptiale (Courtship Rite)(SF sociale et originale) ; Psycho-histoire en péril (suite d'Asimov)
  • Clara Pinkola Estes, Femmes qui courent avec les loups (féminisme + psychanalise, ignorer le naturalisme)
  • Baudelaire, Les fleurs du mal ; Petits poèmes en prose
  • Éluard, tout.
  • Cocteau, Les enfants terribles (et le reste, hein)
  • Anaïs Nin, journal ; romans (éviter les oeuvres érotiques écrites sur commande) (l'écriture qui m'a le plus touchée, ever)
  • Orson Scott Card, La stratégie Ender (les suites sont moins bien)
  • Hermann Hesse, Siddhartha

Livres :

  • Jean Cocteau, Antigone & tout le reste
  • Jacques Prévert, Paroles ; autres
  • Jean Giraudoux, Électre et autres
  • Georges Orwell, Et vive l'apidistra ! (roman politique)
  • Octavia Butler, La parabole du semeur (+ La parabole des talents) (femme black, outsider de la SF)
  • Jean-François Billeter, Études sur Tchang-Tseu, Leçons sur Tchang-Tseu (bouleverse les idées)
  • Jean Anouilh, Le bal des voleurs (et le reste)
  • Henry Miller, Tropique du capricorne ; Sexus, Nexus, Plexus (attention sexiste)
  • Ayerdhal, Sexomorphoses + L'histrion ; Parleur ou les chroniques d'un rêve enclavé ; Genèses (mon chouchou de la SF française)
  • Alain Damasio, La Horde du Contrevent ; La zone du dehors (romans politiques ; la zone est un premier roman, un peu maladroit)
  • Wilhelm Reich, Psychologie de masse du fascisme
  • Peter F. Hamilton, cycle Rupture dans le réel (hard SF)
  • Apolinaire, Calligrammes
  • Jacques Bergier & Louis Pauwels, Le matin des magiciens
  • Dan Simmons, Hypérion et Endymion (chef d'oeuvre de la SF, stylistiquement et structurellement)
  • John Varley, Champagne bleu ; Barbie tuerie ; Gens de la lune (mon chouchou de la SF anglophone)
  • Barry Hughart, La magnificence des Oiseaux + suites (fantasy délirante dans une Chine médiévale mythique)
  • Philip K. Dick, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (roman dont a été tiré "Blade Runner" ; sombre et beau)
  • Jean Cocteau
  • Patrick Süskind, Le Parfum (affreux à lire et pourtant...)
  • Michael Ende, L'histoire sans fin & autres romans (littérature pour enfants, mais pas seulement)
  • Iain M. Banks, le cycle de la Culture (SF dans une société ultra-libérale)
  • Brian Aldiss, le Monde vert (pas exceptionnel mais m'a touchée, j'ignore pourquoi)
  • Ponge, Le parti-pris des choses
  • Charles Duits, Ptah Otep (seule uchronie qui m'a touchée)
  • Simone de Beauvoir, L'invitée ; Une mort très douce (attention, les deux retournent le bide)
  • Bolo-Bolo
  • Jean-Claude Dunyach, La station de l'Agnelle et autres (SF poétique et philosophique)(en plus il est gentil)
  • Elisabeth Vonarburg, Le cycle de Tyranaël (et recueils de nouvelles) (elle aussi, pis elle a la pêche)
  • John Brunner, Tous à Zanzibar ; L'orbite déchiquetée ; Le troupeau aveugle (SF pessimiste et un peu expérimentale)
  • Georges Darien, Le voleur (très drôle, pas vieilli)
  • Daniel Keyes, Des fleurs pour Algernon (je pleure à chaque fois)
  • Raphaël Aloysius Lafferty, Lieux secrets et vilains messieurs (humour pince-sans-rire...)
  • Richard Matheson, Je suis une légende (parait qu'un film nul a été fait mais le livre est très bien)
  • Theodore Sturgeon, Cristal qui songe
  • Robert Silverberg, Les monades urbaines
  • Walter Tevis, L'homme tombé du ciel (j'ai pleuré)
  • René Barjavel, La nuit des temps (l'une de mes bibles d'enfance)(en plus, c'est rare le sexe en SF)
  • Douglas Adams, Fonds de tiroir (si vous aimez le guide galactique)
  • Andreas Eschbach, Des milliards de tapis de cheveux (les autres que j'ai lus sont moins bien par contre)
  • Stanislas Lem, Contes inoxydables
  • David Zindell, Inexistence
  • Asimov, Azazel ; Au prix du papyrus (Asimov est drôle dans ses nouvelles, contrairement aux romans)
  • Clive Barker, Imajica
  • Pierre Bordage, L'évangile du serpent (il raconte toujours des histoires de messie mais là c'est assumé et c'est bon)
  • Susanna Clarke, Jonathan Strange & Mr Norrell (pourtant j'aime rarement les histoires de magie)
  • Loïs Lowry, Le passeur (pour enfant ?)
  • Raymond Queneau, Les fleurs bleues (pour les bons jeux de mots)
  • Piers Anthony, cycle de Château-Roogna : Lunes pour Caméléon (pour les jeux de mots idiots)
  • Greg Egan, L'énigme de l'univers
  • Richard Canal, Les paradis piégés (SF psychédélique fameuse)
  • Philipe Curval, Regarde, fiston, s'il n'y a pas un extraterrestre derrière la bouteille de vin
  • Dorothy Parker, Hymnes à la haine (poésies facilement lisibles)
  • Dostoïevski, Crime et châtiment ; Les carnets du sous-sol (déprimant) ; L'Idiot (l'auteur que je lis au compte-gouttes pour en avoir toute ma vie)
  • Joël Houssin, Le temps du twist (pour fans de Led Zep)
  • Jean-Pierre Andrevon, Sukran (SF politique)
  • Sheri S. Tepper (?), Un monde de femmes (livre moyen mais situation intéressante)
  • Robin Hobb, cycle de l'assassin royal (bonne fantasy même si ça s'essouffle au bout d'un moment)
  • Gene Wolfe, l'ombre du bourreau + cycle
  • Robert Heinlein, les trois premières pages de Une porte sur l'été (le reste est nul)

Films :

  • Stepford's wifes (un cauchemar extrêmement bien réalisé ; le livre n'apporte rien de plus)
  • Sin city
  • The hours
  • Gandahar (ne pas lire le livre)
  • Dark Crystal (je l'ai vu au moins quinze fois et je ne me lasse pas)
  • Bleu & Rouge, de Kieslowski (Blanc est moins bien)
  • Toto le héros
  • L'attaque de la moussaka géante (série Z)
  • Stupeur et tremblements
  • Immortel de Bilal (ceux avec qui je l'ai vu ont pas aimé mais j'aime beaucoup)
  • Les temps modernes, de Chaplin
  • Boys don't cry
  • But I'm a cheerleader
  • Ben Hur (je l'ai regardé cinquante fois quand j'étais jeune)
  • La vie rêvée des anges
  • Chat noir, chat blanc
  • Almodovar
  • Sacré graal (j'adore l'humour anglais)
  • Dark city (ambiance incroyable)
  • Blade Runner (lent mais tellement beau)
  • Total Recall (malgré l'acteur, c'est un très bon film de SF)

Radio :

  • Hitch-hiker's guide to the galaxy, Douglas Adams at the BBC

Edit 03/07/08 : ajout de Card et Hesse dans les bibles, ajout de La zone du dehors et pas mal de commentaires "Edit 08/02/10 : commentaires + quelques titres"

lundi 11 juin 2007

Haïku

Justice équitable ?
Révolte croît
Prisons flambent et bagnards rient.

mercredi 30 mai 2007

Que de l'air ?

Merci à vous touTEs qui m'avez envoyé du courrier, électronique ou postal, en lisant que j'allais mal. Je redonne des nouvelles pour que vous arrêtiez de vous inquiéter !

J'ai été suractive ces deux dernières semaines : j'ai eu des rendez-vous chez des médecins (suis séronégative, ma vue a encore baissé), pour des trucs administratifs (contrat RMI pour six mois, APL, ce genre de trucs), j'ai fini mon boulot de relecture pour Eyrolles, je suis allée au concert de Ghost Mice (folk-punk accoustique, joyeux et DIY)[1] organisé par mon colloc[2] et j'y ai dansé, et j'ai vu des gens.

Mais cette semaine et la prochaine, touTEs mes cohabitantEs sont en voyage. J'invite tout le monde à venir me voir mais pour l'instant j'ai peu de succès. Et je me sens toute seule, du coup. Et je réalise que ça ne m'est pas arrivé depuis des mois, que je me suis habituée à respirer autant de tendresse que d'air, et que l'air, ben ça suffit pas.

Alors je me réjouis de cette chance que j'ai d'habiter avec autant de gens que j'aime, et j'inspire avec délices les réminiscences de leur présence éparpillées autour de moi. Et je prépare déjà les avalanches de bisous sous lesquelles je les accueillerai à leur retour.

C'est le printemps, et je suis bénie de nouveau. Ou plutôt je retrouve la douceur de recevoir la joie. la possibilité de hausser les épaules face aux contrariétés. Parce que les joies me prennent toujours à l'improviste pour peu que je les laisse venir à moi, et elles sont toujours différentes et précieuses. Quant aux petites tristesses, si elles ne trouvent pas de point d'accroche, elles glissent à travers moi et et lorsqu'elles sont passées, il n'y a que moi. Et le rappel de partager de l'amour, de la tendresse et de l'attention pour nous rendre fortEs[3].

Notes

[1] pour la France c'est fini mais ils sont en tournée dans toute l'Europe et les US après, si vous pouvez allez les voir : dates de concert.

[2] il grogne que je l'appelle comme ça.

[3] le livre Dreaming The Dark: Magic, Sex, and Politics de Starhawk vient d'être traduit en français sous le (mauvais) titre Femmes, magie et politique.

Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.