Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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J'emmène au creux de mon ombre des poussières de toi

Le vent nous portera

J'arrive enfin à sortir ces mots... Je savais que je devais le faire. Je ne savais pas comment. J'ai attendu qu'on soit tous les deux, enfin. On s'était posés, comme toujours, devant un thé, et on roulait nos cigarettes. Il se réjouissait que l'on ait un lit double, grâce au départ d'Eve. J'ai répondu que c'était trop tard. Il a compris : nos tentatives des derniers mois ont été vaines. Et nous sommes restés un long moment sans rien dire, je voyais défiler dans ses yeux tout ce que nous avions vécu ensemble, tout ce que j'abandonnais. Les moments magiques, la complicité, la compréhension, les mots réinventés pour nous, ces trois dernières années et tout leur cortège de galères incessantes, de joies spontannées, d'amour. Tout ce que personne que nous ne saura jamais, parce que nous l'avions bâti ensemble. Nous avons fumé nos cigarettes, bu notre thé. Ces gestes que nous avons accompli tant de fois ensemble, nous les faisions, séparés. J'ai posé ma main sur son bras, et l'ai poussée, sachant qu'il ne pouvait la supporter - même si c'est affaibli depuis cette longue séparation, nous sentons encore les sensations et sentiments de l'autre presque comme les nôtres. Comme c'est étrange. Et dans ce silence, je me redécouvrais moi, enfin clairement distincte du "nous". Douloureuse libération. Il s'est levé pour partir dans la chambre. Je le laissai faire lui aussi cette découverte, plus dure parce qu'il ne l'avait pas décidée. Bus mon thé. Et le suivis lorsqu'il vint me chercher, et le pris dans mes bras lorsqu'on s'allongea sur le lit, et le serrai dans mes bras pour lui permettre de pleurer, comme il l'avait fait tant de fois, comme je l'avais fait lorsqu'il en avait eu besoin.

Et je l'ai senti mourir dans mes bras. Je l'ai tué par amour, parce que je ne l'aimais plus. J'ai vu saigner toutes nos merveilles, nos folies, nos longues discussions, notre plaisir, nos chansons, nos rêves, nos blagues, notre complicité... tant de choses que je ne peux même pas raconter, parce qu'elles sont infimes, trop nombreuses, trop belles pour êtres mises par écrit avec mes mots handicapés.

Et la lettre qu'il m'a laissée en partant m'a fait mal. Parce que lui seul pouvait accepter ainsi, par respect de mes choix. Parce qu'il m'offrait une compréhension que nul autre n'a jamais su m'accorder - peu de gens en sont capables, je crois.

Malgré la douleur je suis heureuse d'avoir osé rompre. De garder intact ce que nous avons vécu, ne pas s'enliser dans des reproches, des remords, un "de moins en moins bien". Et il reste celui qui fut mon prince charmant, qui m'a aidée à grandir, qui m'a émerveillée si souvent.

Garde précieusement ton cristal, mon ange. Merci d'en avoir éclairé mon chemin.

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Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.