Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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Glaçons et émotion

Petit déjeuner en compagnie de celles qui partaient en stop au petit matin. Courir ajouter des pulls (jusqu'à cinq + manteau + écharpe). Grimper dans le camion. Rouler pendant une demie-heure, essuyant le pare-brise givré et guettant l'avancée du jour, espérant ne pas arriver après le lever de soleil mais savourant ce trajet crépusculaire sans vouloir stresser. Se garer auprès d'une rivière gonflée par les pluies, ruisseau transformé en torrent bleu dont s'élève une brume onirique. Inciter notre jeune récalcitrant à se couvrir.

Commencer à marcher dans le bruit des feuilles mortes gelées que l'on piétine, entre les flaques patinoires, soulevant les branches qui tendent leurs épines argentées. Cueillir du gui, qui porte bien son nom d'"evergreen" en anglais. Ramasser au passage quelques brindilles envahies de mousse fluorescente, et quelques baies colorées. S'émerveiller des cristaux de glace déposés sur chaque surface, des constellations dessinées lorsque l'eau a gelé ou au contraire de la limpidité de cette congélation. Remonter l'écharpe pour protéger le nez, la retrouver très vite pleine de condensation. Parler d'embellir notre maison avec ces trésors végétaux, nous amusant à l'idée d'une attaque de bisous justifiée par le gui.

Arriver au sommet après vingt bonnes minutes de marche (et beaucoup de râlage du lutin pas joyeux le matin). S'assoir, voir Fin rouler une cigarette, donner au jeune drogué sa dose de chocolat - ce qui lui rend le sourire - et sortir la bouteille d'eau pour m'apercevoir qu'elle a eu le temps de s'agrémenter de glaçons. Savourer la vue de la vallée quelques minutes avant de saluer l'astre levant, celui qui annonce le retour des jours plus longs. Marcher encore un peu dans l'aube en devisant doucement, prendre un bain de soleil sur un ancien fortin en pierres où nous évoquons arcs, arbalètes et statégie militaire médiévale.

Redescendre, du givre plein les yeux, de la fatigue plein les jambes, du froid plein partout et pourtant heureuse, ravie de voir que la vie continue dans le froid, rendue sereine par ce calme froid. Envahie d'images de l'Islande, et de l'envie de voir cette contrée en hiver.

Rentrer alors que tous sont encore couchés, accrocher nos décorations partout dans le salon et l'entrée, boire du thé - je vous ai déjà parlé de mon plaisir à habiter avec une britannique, avec du thé toujours au bon moment (c'est-à-dire tout le temps, hein) ? - pendant que mon jeune cohabitant nous étouffe sous le chocolat et les cris de joie en ouvrant ses cadeaux. Savourer la surprise et la joie de Fin à en recevoir aussi (j'ai proposé à son fils la veille de venir choisir dans les cartons de babioles que mes parents m'ont rapportées ce qui lui plairait). Puis accueillir les premiers levés par des bisous sous le gui, et vers midi préparer une petite bouffe en racontant notre expédition et partageant de la tendresse avec Ernest (oui, on est multifonctions). Faire suivre le repas de quelques cigarettes dans la lumière, sur les marches du perron, en méta-relationnant ("parler de la relation que nous entretenons") et effleurant nos peaux.

Il va être temps que j'aille dormir bientôt... cette journée courte en sommeil et lumière fut riche en bonheurs. Vous me racontez les vôtres ?

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Commentaires

1. Le mercredi 22 décembre 2004 à 05:47, par Corsac

Pour moi, le jour le plus court a été le jour le plus long. Levé 6h30 à Paris, et pas encore couché à 20h46 à LA. Debout depuis quasiment 24h et nettement comfortably numb.

2. Le lundi 27 décembre 2004 à 18:58, par acacia

moi j'aime bien, les journées longues et froides qui défilent bizarrement dans la cave print, avec trois cohabitant-e-s qu'on peut toucher quand on a les main gelées, tout tendres et rigolos. Et voir tout ça de loin, et bien aimer ça, et bosser sur des trucs que je peux pas faire d'habitude, en savourant de beaux moment solitaires le soir dans des chambres nomades de vieux singes absents.
oui, j'aime bien.
à janvier.

bzzzzz

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Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.