Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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Ni compassion, ni comparaison

Ma vie sans maison : je virevolte d'un endroit au suivant, je me sens légère, enfin libérée des boulets de la matérialité. Je découvre / construis d'autres façons d'être : les moments seule sont rares lorsqu'on habite chez des amiEs, mais je sais davantage les préserver, les savourer aussi ; les moments de recueillement, pour m'emplir de l'instant ou méditer sur mes expériences récentes, sont par contre beaucoup plus fréquents, et ils contribuent beaucoup à mon bonheur actuel ; j'essaie d'apporter aux autres lorsque je les visite, en respectant leur rythmes et atmosphères ; je dois conserver le moins possible, parce que le sac devient vite lourd, alors je joue au petit poucet au long de mes périples, surtout avec les livres ; je prévois les quelques étapes suivantes, un peu dans le flou pour tenir compte des trajets à durée indéterminée, et des vortex où je peux tomber ; je suis souvent disponible aux rencontres, et pour l'instant j'arrive à ne pas m'y perdre...

Cette vie que je construis / qui me construit d'une manière nouvelle, cette vie me surprend, m'intéresse, me rend heureuse - sinon je ferais autrement, hein. Mais je dois bien dire qu'une chose est dure, dans ma vie : tout le monde n'arrête pas de me dire : "c'est courageux", "je ne pourrais pas", "ça doit être dur", et tous y mettent un tel poids, un tel doute, et je dois chaque fois expliquer la même chose, et répéter ce discours commence à sérieusement me lasser. Marre d'expliquer que oui, c'est plein de contraintes, mais chaque vie en a, et les miennes me conviennent ; que non, je ne sens pas le besoin d'une maison, sinon j'en ouvrirais une, au contraire j'aime ne pas en avoir, et sûrement je me sédentariserai de nouveau un de ces jours, mais pas sûr ; que non, je ne me sens pas mal à l'aise de vivre chez les autres, parce que les amiEs chez qui je vais sont heureuxses de me recevoir ; que non il ne m'est jamais arrivé de problèmes en faisant du stop, au contraire j'ai rencontré beaucoup de gens gentils. Je ne veux pas avoir peur de vivre, est-ce si compliqué à entendre ?!

Hé tu sais, je pense que ça doit être dur de n'avoir rien d'autre à faire de mieux de ses soirées que de regarder la télé. Dur de subir les ordres de ton chef tous les jours. Dur de voir toujours les mêmes gens et d'avoir renoncé aux grandes discussions où on refait le monde. Dur de vivre sous médocs. Dur de faire tous les jours le même trajet en suivant le chien qui va pisser.

Ça, vraiment, je ne pourrais pas.

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Commentaires

1. Le mercredi 26 juillet 2006 à 23:36, par Xavier

100 % daccord avec toi ! Pourquoi doit on suivre la masse et faire comme tout le monde , une vie sédentaire et socialisée réduit notre liberté pour un soi-disant "confort" qui me parait bien relatif. Après mes études je compte bien voyager et errer au grès de ma volonté, avoir une vie nomade et simple sans se soucier ni du passé ni de l'avenir mais du moment présent et d'en profiter.

2. Le samedi 29 juillet 2006 à 01:43, par Ali Baba

Moi je ne trouve pas ça courageux ou difficile, mais par contre ça me fait un peu rêver... J'ai l'impression que je te ressemble sur plusieurs points, mais c'est comme s'il me manquait simplement un petit quelque chose pour vivre, au lieu de rêver.

3. Le mardi 1 août 2006 à 10:36, par Ariane

J´ai goûté aux deux, vraiment, j´ai campé sur des plages désertes en Nouvelle-Zélande, un sac à dos comme oreiller et rien d´autre qu´un amour finissant comme compagnie, puis, vivante d´un nouvel amour, frais et transparent, j´ai acheté une maison de cent ans que j´aime plus que tout. Conclusion? Et bien ca n´a rien à voir, ni avec le sac à dos, ni avec la maison, mais avec ce qui se passe en soi-même, tout au fond, parce que lá, finalement, sac à dos ou maison, on est le même...

4. Le dimanche 20 août 2006 à 02:42, par SoCreate

Tres juste la réflexion d'Ariane "on est le même"...Je decouvre ce Blog à l 'instant et j'aime beaucoup ce texte "Ma vie sans maison : je virevolte d'un endroit au suivant, je me sens légère, enfin libérée des boulets de la matérialité. Je découvre / construis d'autres façons d'être../..." Génial ! Voilà ma pensée ;-)

5. Le mercredi 30 août 2006 à 00:15, par Julien

Ahhh je savais qu'un jour j'arriverai à trouver le temps. Donc voici une citiation de <a href="fr.wikipedia.org/wiki/Sta... dans <i>Courage et foi par des temps difficiles</i>, dans un recueil paru aux Éditions Les empêcheurs de tourner en rond.
« Lorsque les gens me disent que je suis courageuse, ils sout-entendent : « Je ne pourrais jamais faire ce que vous avez fait. » Mais je n'étais certainement pas plus courageuse que qui que ce soit à Gênes [Anti-G8 de 2001], et ceux qui manifestaient n'étaient pas vraiment différents de n'importe quels participants à n'importe quelle autre manifestation n'importe où. […] Peut-être que le courage est seulement la capacité à se porter à la hauteur de l'occasion, où que vous vous trouviez. Et je pense que la plupart des êtres ont cette capacité.»

Bon à la relecture c'est pas aussi bien que dans mon souvenir mais c'est intéressant.

6. Le jeudi 14 septembre 2006 à 15:57, par esteban_007

coucou !

Ici seb, de la Belgique du Milieu. Tu ne me connais pas. Je suis au taf et je m'emmerde grave. Mais alors là grave de chez grave. Bref. C'est un peu compliqué à t'expliquer mais je suis tombé sur ton site tout-à-fait par hasard ; comme je m'emmerdais, j'ai surfé sur internet et je me suis dit : "Tiens, ce blog m'a l'air d'être assez original lisons un peu la charmante histoire de Solweig.

J'ai donc lu avec une attention crescendo ton petit bout de vie ..

Et maintenant, je viens de finir de lire le tout : j'ai passé un très agréable moment . Tu m'as offert quelques jolies émotions, je pouvais presque palper les sentiments qui te traversaient ou t'agitaient : bonheur, chagrin,colère, la vie, l'amour, la peine, l'amitié, le sexe ; c'était doux amer.. j'ai beaucoup aimé ..

hélas, je vois que tu ne mets pas souvent à jour ton blog mais désormais , je viendrai le consulter souvent pour voir si tu viens poindre le bout de ton nez .. et puis, qui sait ? peut-être aurai-je la chance de converser avec toi sur le web, un de ces quatre ?!

affectueusement, de Bruxelles

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Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.